Les principaux acteurs publics du secteur bruxellois de l’énergie se sont mis d'accord sur une première vision commune visant à décarboner progressivement notre consommation d’énergie dans le bâtiment. Cette stratégie sera progressivement traduite en conclusions sur les choix à opérer à l’échelle de chaque quartier. Il s'agira d'identifier comment activer au mieux l'ensemble des leviers identifiés - en fonction des spécificités de chaque quartier - pour éliminer progressivement l’utilisation des énergies fossiles pour le chauffage et le refroidissement des bâtiments, en les remplaçant par des sources d’énergie renouvelables pour couvrir les besoins résiduels. Ces conclusions seront intégrées progressivement dans la politique régionale, incluant la réglementation et les investissements à consentir par le gestionnaire de réseau Sibelga. Ces acteurs se préparent à des changements de grande ampleur, en continuité avec les mesures déjà mises en place sous cette législature, et il était essentiel pour eux de partager une vision commune à ce sujet.
Pour le Ministre bruxellois de l’Environnement : « libérer Bruxelles de sa dépendance aux énergies fossiles est essentiel pour atteindre nos objectifs climatique, pour que l’air soit plus pur et pour que nos factures énergétiques soient maitrisées. Avec son Plan Air-Climat-Energie, Bruxelles prend ses responsabilités. Les mesures d’isolation que nous avons déployées sous cette législature au travers de Renolution permettront de réduire le besoin d’énergie pour nous chauffer ou refroidir nos bâtiments. Avec les principaux acteurs publics de l’énergie à Bruxelles et le Gouvernement, nous avons aujourd’hui défini une première vision stratégique partagée et à long terme sur la manière de décarboner l’énergie qui restera nécessaire après isolation. C’est une étape indispensable sur le chemin de notre sortie du fossile ».
Pour rappel, dans le cadre du Plan Air Climat Energie (PACE) adopté en avril 2023 et de la révision du COBRACE Renolution de février 2024, le Gouvernement bruxellois s'est résolument engagé à éliminer progressivement l'utilisation des énergies fossiles, vers une Région neutre en carbone d’ici 2050. Les premières étapes-clés sont les suivantes :
2023 : Fin des subsides aux énergies fossiles et renforcement du soutien aux alternatives
2025 : Interdiction de nouvelles installations de chauffage au mazout
2025 : Fin du chauffage aux combustibles fossiles pour les bâtiments neufs ou faisant l’objet d’un rénovation lourde
2030 : Sortie complète du chauffage au mazout pour les bâtiments publics et 2040 pour l’ensemble des acteurs.
Pour aller plus loin et construire les étapes vers 2050, le ministre de l’Énergie Alain MARON a mis en place en 2022 une Task-Force Energie 2050, composée de BRUGEL, Sibelga et Bruxelles Environnement sous la supervision du Ministre de l’Energie. L'objectif principal de la Task Force est de développer une vision commune sur l'évolution des réseaux énergétiques et de clarifier les solutions disponibles pour la décarbonation de la chaleur et du froid. La Task Force a fait état ce jeudi 3 mai au Gouvernement bruxellois d’une première vision partagée à long terme sur les perspectives de sortie des énergies fossiles, basée sur une étude menée en 2023. Parmi les conclusions majeures de la Task Force :
Une diminution drastique du recours au gaz naturel est attendue, tandis que l'utilisation de l'électricité, principalement via les pompes à chaleur aérothermiques, augmentera significativement - entre 1,8 et 2,8 fois plus qu’actuellement.
L’ensemble des solutions devra être activé pour compenser la sortie progressive des énergies fossiles : géothermie, aquathermie, riothermie, aérothermie, récupération de chaleur fatale, biogaz, biomasse et solaire thermique. Les potentiels combinés de ces solutions permettent encore difficilement de couvrir les besoins en 2050 : il est donc primordial d'activer tous les leviers disponibles dès à présent, en s’appuyant sur les solutions permettant de réduire les besoins en énergie – dont l’isolation du bâti.
La Région dispose de nombreuses sources de chaleur et technologies encore peu exploitées, par exemple le potentiel technique de la géothermie (>20GWh/an) dépasse largement la demande actuelle. Permettre une exploitation à grande échelle demandera de lever les contraintes organisationnelles liées à ces technologies (urbanisme, formation, etc.).
Les réseaux de chaleur et de froid efficaces offrent un potentiel technique et économique considérable - ainsi qu’un potentiel de flexibilité accrue. En 2050, environ 70% de la demande d’énergie se trouvera dans une zone à très haute densité de demande de chaleur qui pourrait théoriquement permettre le développement de réseau de chaleur basse température.
Dû à leur faible disponibilité et rendement, l'hydrogène et l'e-méthane ne sont pas envisagés par les acteurs comme solutions viables pour le chauffage des bâtiments d'ici 2050. Le potentiel de biogaz est pour sa part très limité et ne pourrait couvrir qu’environ 8% de la demande en chaleur bruxelloise à l’horizon 2050.
Ces enseignements permettront d'orienter les investissements futurs et de développer une vision des solutions disponibles quartier par quartier. Pour atteindre les objectifs de décarbonation, il sera nécessaire d'assouplir ou de lever certaines contraintes réglementaires, notamment liées à l'urbanisme et à l'environnement.
Pour le Ministre bruxellois de l’Environnement et de l’Energie : « Le Gouvernement bruxellois affirme ainsi sa détermination à faire de Bruxelles un modèle de durabilité énergétique et environnementale, contribuant à la lutte contre le changement climatique et à la création d'un avenir plus propre et plus sûr pour toutes et tous. »
Les prochaines étapes comprennent le développement en 2025 d'une vision quartier par quartier des solutions mobilisables. Les futurs plans de développement de Sibelga, soumis à consultation publique, intégreront également progressivement les suites de ce travail. Ensuite, en 2027, sera présenté la révision du Plan Air Climat Energie, qui consolidera la liste des mesures concrètes nécessaires pour mettre en œuvre la vision par quartier, par exemple le développement des différentes technologies aux endroits pertinents.
Pour Inne Mertens, CEO de Sibelga : « Face à un avenir énergétique de plus en plus décentralisé et décarboné, remplacer le gaz naturel comme vecteur de chauffage principal à Bruxelles est probablement le plus grand challenge et nécessitera la mobilisation de toutes les solutions. Nous sommes fiers de collaborer avec Bruxelles Environnement, BRUGEL et la Région bruxelloise au sein de la Task Force Énergie, œuvrant ensemble pour une transition énergétique à la fois accessible et abordable pour tous. »
Pour Kevin Welch, Président de BRUGEL : « Cette étude démontre qu’il n’y a pas de solution unique pour décarboner la chaleur et le froid en Région Bruxelles-Capitale. Cependant, la place donnée à l’électricité dépendra fortement du succès de la politique d’isolation du bâti existant. »